Alors que Paris accueillait hier soir plusieurs excellents artistes en divers lieux (Peter Hammill, Jorane, Therion, Sick Of It All…), les abords de la rue Saint-Victor regorgeait de monde. Le premier soir était complet depuis deux mois. Le peuple était impatient, le service d’ordre débordé. Que se serait-il passé si le concert avait dû être annulé pour des raisons techniques? Le théâtre aurait-il été réduit en cendres? Ces questions ne sont pas absurdes et les réponses ont failli être données…
Passons outre la prestation anecdotique et soporifique des américains de Mercury Rev
pour nous concentrer sur celle de Nick Cave et de ses mauvaises graines. Le groupe est au complet (sans Blixa Bargeld, il va sans dire). Les deux batteries ne sont pas oubliées. Les chœurs non plus, représentées par quatre filles. Nick Cave, toujours impeccable dans son costume sobre, semble en forme. Le concert s’ouvre par Abattoir Blues, titre du dernier album portant d’ailleurs le même nom. Or, au bout de quelques instants, le son est coupé. Les techniciens interviennent et le groupe repart, là où il s’était arrêté et non au début du morceau. Quelques secondes passent et stupeur : le son est de nouveau coupé. Nick Cave quitte la salle, non sans nous avoir précisé qu’il ne reviendrait que si le problème était résolu. Les techniciens étaient perplexes, le tour-manager précisant même, sous les hués, qu’ils ne trouvaient pas l’origine du problème…
Puis, une longue demi-heure s’en suit et les Bad Seeds remontent sur scène, sous les acclamations, avec un tonitruant Get ready for love. Le son est assez moyen
(il s’améliorera un peu par la suite), mais aucun problème n’est à déplorer. Le concert peut donc se dérouler. Toutefois, le groupe risque d’appréhender le maudit Abattoir blues pour son second show parisien prévu le lendemain. Cette première partie du spectacle est essentiellement consacrée au dernier album. Près de la moitié des titres de ce double cd seront honorés : Hiding all away, Messiah ward, There she goes my beatiful world, Nature boy, Carry me, breathless… Les ambiances différent, allant du très dynamique Supernaturally au très tendre Easy Money, sur lequel Nick Cave dompta le piano pour un sublime rendu. Ce premier acte s’est conclu, au bout d’une heure bien pleine, par un remarquable O Children, magnifié non seulement par les choristes mais aussi par le public, qui pour la première fois participait en reprenant le facile refrain.
Le temps de tomber sa veste et Nick Cave revient pour l’acte II avec un Deanna qui fit chavirer le Théâtre. L’intensité monte d’un cran. Red Right Hand met la salle sur les genoux tant la réalisation est belle et violente, limite irraisonnée
lorsque la guitare de Nick Harvey et le violon de Warren Ellis s’élèvent dans les cimes, libres de toute contrainte. Le groupe ne laisse aucun répit. Stagger Lee est lumineux. The weeping song étincelant, d’autant plus que ce dernier s’enchaîne avec un God is in the house joué au piano par Nick. Le Théâtre ovationne ce ravissant moment sous un tonnerre d’applaudissement. Le groupe se retire. Il revient quelques minutes après avec grand Mercy Seat, unique titre du rappel, mais hymne qui convaincra les derniers indécis…