Alors que la tournée européennes des Melvins était annulée
en raison de l’état de santé du bassiste, le spectacle proposé par le Festival d’Automne à Paris, au centre Pompidou, restait l’unique date hexagonale de ce trio majeur, grâce au remplacement de Kevin.
Ce spectacle était inhabituel puisque les Melvins avait la lourde tâche d’accompagner live, et donc de façon millimétrée, trois vidéos de Cameron Jamie, artiste californien inspiré par la culture populaire et underground américaine, ainsi que par ses propres mythologies. Ce concert/vidéo s’est donc déroulé dans la Grande Salle du Centre, qui n’est autre qu’un cinéma de 410 places. Le groupe était positionné à gauche de l’écran, dans un espace étroit et sombre. Il n’était pas simple d’apercevoir distinctement les membres du groupe dans cette pénombre.
20h45. Les lumières s’éteignent. Les premières notes jaillissent et nous font sursauter. L’intro est terrifiante et oppressante, les frappes successives et puissantes du bassiste sur une cymbale suspendue taille XL (désolé, je ne connais pas le nom de cet instrument) assomme mes tympans, pourtant habitués aux musiques les plus extrêmes. Puis, le premier film commence. « Kranky Klaus » montre pendant une demi-heure la reconstitution d’une fête païenne le soir de la Saint-Nicholas. Le film, exposant le rituel d’hommes déguisés à la fois en sorte de yétis et en autorités spirituelles punissant les habitants dans leurs propres maisons
, est aussi inquiétant que la musique des Melvins. Celle-ci était très lourde et sombre, presque hypnotique, à la limite d’un croisement stoner/doom composé de distorsions et de cassures rythmiques. Notons que la bande-son du documentaire s’ajoutait à la musique jouée par les Melvins, puisque quelques dialogues et bruits de clochette étaient perceptibles.
Puis, sans temps mort ni générique de fin ni rupture musical, le second film commence. « Spook house » est un documentaire de 20 minutes sur la préparation d’Halloween dans un quartier de Détroit. Il se veut inquiétant par sa mise en forme, mais il n’en est rien
. Quant aux Melvins, ils continuent à marteler des rythmes lourds, distordus et efficaces. Il me semble que l’inimitable Buzz chante un peu plus sur ce deuxième film. Soulignons au passage le petit tour de Dale et ses cymbales dans le public, totalement acquis à la cause Melvins.
Enfin, le dernier film, intitulé « BB », est une vidéo sur les combats de catch amateurs effectués par de jeunes américains dans les cours de leurs maisons.
Musicalement, ce passage m’a le plus captivé, notamment en raison d’un chant plus prononcé. Sans doute avais-je totalement délaissé les exploits des catcheurs juniors sautant des toits de leurs maisons pour me concentrer sur les dernières minutes de l’unique, captivant et éprouvant morceau d’1h10 des Melvins…